Hans Hartung se montra très tôt soucieux de s’inscrire dans une généalogie artistique - revendiquant des filiations avec, entre autres, Rembrandt, Goya ou Greco - et confiant dans l’idée qu’une place lui serait faite dans l’histoire de l’art. Cette conscience historique s’accompagne d’une préoccupation constante pour la visibilité de son œuvre, et d’une conviction : il n’y aura de postérité véritable qu’aux côtés des maîtres, dans les musées, auprès de larges publics et à travers le monde. L’artiste s’est à plusieurs reprises exprimé sur le rôle des différents acteurs culturels dans la transmission de la peinture. Dans ses mémoires publiés en 1976, il s’interroge :
« Pour un peintre, chaque dessin, chaque toile est une partie de lui-même qui demande à être vue et non à jouer les prisonniers dans une cave. À quoi sert-elle si personne ne peut la voir, la recevoir ? » (Autoportrait, édition critique de la Fondation Hartung-Bergman, Les presses du réel, Dijon, 2016, p. 243).