Hans Hartung catalogue raisonné - Les œuvres dans les collections publiques


389 œuvres
112 collections
22 pays



Allemagne :
138 œuvres, 33 collections
France :
134 œuvres, 28 collections
Etats-Unis :
30 œuvres, 14 collections
Suisse :
28 œuvres dans 2 collections
Italie :
10 œuvres dans 7 collections
Norvège :
10 œuvres dans 1 collection
Autriche :
5 œuvres dans 3 collections
Belgique :
5 œuvres, 3 collections
Royaume-Uni :
5 œuvres, 4 collections
Japon :
5 œuvres dans 3 collections
Brésil :
4 œuvres dans 2 collections
Espagne :
4 œuvres dans 2 collections
Mexique :
2 œuvres dans 1 collection
Australie :
1 œuvre
Tchéquie :
1 œuvre
Iran :
1 œuvre
Islande :
1 œuvre
Israel :
1 œuvre
Macedoine :
1 œuvre
Pays-Bas :
1 œuvre
Portugal :
1 œuvre
Suède :
1 œuvre


Textes repères

Amitiés norvégiennes

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chronologie d'acquisition

géographie





parcours

années de création / années d'acquisition

• années de création des œuvres - 53 années




• années d'entrée dans les collections - 67 années










recherches

introduction



Amitiés norvégiennes
1959, épreuve gélatino-argentique
    À deux reprises et à près de trente ans d’intervalle, Hans Hartung épousa l’artiste norvégienne Anna-Eva Bergman (1909-1987). En 1929 d’abord ; en 1957 ensuite, après un mariage rompu vingt-ans plus tôt et des retrouvailles en 1952. Le lien qui unit Hans Hartung à la Norvège ne saurait donc être qu’intime, pour lui qui en maîtrise la langue, et songe à s’y exiler, à la fin des années 1930, et après même sa séparation d’avec Bergman, en quête d’un pays pacifique où il pourrait vivre plus sereinement qu’ailleurs.

    C’est à l’aune de cette communauté de destin que l’on examine la manière dont l’œuvre de l’artiste fut donnée à découvrir au public norvégien. Une autre rencontre fut décisive en la matière : celle du couple de collectionneurs Sonja Henie (1912-1969) et Niels Onstad (1909-1978). Sonja Henie, née à Christiana (la future Oslo) en 1912, est aussi célèbre en Norvège pour avoir été une star du patinage artistique et une actrice, qui fit carrière jusqu’aux États-Unis, que pour avoir été une fervente porte-parole de l’art moderne, dont elle partage la passion avec son troisième mari, l’armateur Niels Onstad, épousé en 1956. Dès la fin des années 1950, tous deux commencent à collectionner les maîtres du XXe siècle et c’est alors que se noue l’amitié Henie-Onstad/Bergman-Hartung, comme en témoigne la correspondance conservée par la Fondation Hartung-Bergman. En 1959 et 1960, et avant même la création de leur fondation en 1961, le couple de mécènes fait l’acquisition de sept pièces de Hartung des années 1950, parmi lesquelles deux imposantes peintures de la série dite des « palmées », T1956-25 et T1957-5. En 1965, ce remarquable ensemble se voit enrichi de deux peintures récentes, T1962-L33 et T1965-H36, cette dernière étant dédicacée et offerte à « Sonja » pour son anniversaire.

    Hans Hartung tient donc une place de choix au sein du centre d’art inauguré en 1968 par Sonja Henie et Nils Onstad comme écrin à leur collection. Conçu par deux jeunes architectes norvégiens, Jon Eikvar et Svein Erik Engebretsen, le bâtiment moderniste est niché au cSur du fjord d’Oslo, à quelques encablures de la capitale, à Høvikodden. Le Henie Onstad Kunstsenter - dont la collection compte alors environ 300 pièces - se consacre exclusivement à l’art du XXe siècle et se tourne sans conteste vers l’international - un prospectus en français de 1970, soigneusement conservé par Hartung, souligne que « Weidemann, Gunnar S. Gundersen et Jens Johannessen [...] sont là, avec Munch, les seuls peintres norvégiens ». L’institution regroupe sur 4000 m² des salles d’exposition de peinture, d’art graphique, des salles de concert, de théâtre, un amphithéâtre, une bibliothèque. Hartung rassemble pour ses archives plusieurs élogieuses coupures de presse de l’été 1968 couvrant l’inauguration du site ; toutes louent la prouesse architecturale, l’ambition novatrice des mécènes et décrivent une impressionnante collection dans laquelle il côtoie Munch, Picasso, Matisse, Léger, Miró, Klee et les artistes de COBRA.

    À la tête de ce lieu conçu comme un fleuron culturel pour la Norvège, une autre figure de la scène nationale : Ole Henrik Moe (1920-2013), grand historien et critique d’art, musicien, ancien résistant, qui dirigera l’institution jusqu’en 1989. C’est lui qui offre à Hartung une de ses plus belles rétrospectives, en 1981, donnant à voir au public norvégien soixante ans de création, allant de l’Autoportrait figuratif de 1920 aux très grands formats de l’année 1980 comme T1980-R10 (pièce que Hartung offrira un an plus tard au Hessisches Landesmuseum de Darmstadt en Allemagne). En 1983, l’institution dirigée par Moe complète sa collection avec l’acquisition de T1982-U6, étonnante toile verticale, maculée de signes noirs véhéments frappés au balai, sur un fond aéré par des nappes de jaune, rouge, blanc et bleu. C’est encore d’intimité dont il est ici question, Ole Henrik Moe comptant parmi le premier cercle des relations du couple Hartung-Bergman, qu’il fréquente depuis la fin des années 1950. Proche de Hartung, mais aussi d’Anna-Eva Bergman, dont il fut un ami fervent et passionné et un des plus ardents promoteurs. Il dédie à sa compatriote trois grandes expositions personnelles à Høvikodden, dont la première dès 1979.

    L’ensemble de peintures de Hartung du Henie-Onstad Kunstsenter - dix pièces qui couvrent une période allant de 1950 à 1982, en enjambant les années 1970 - est à ce jour, et en l’état actuel de la recherche, l’unique représentation de Hartung en Norvège. Aussi cette collection demeure-t-elle un témoignage de l’engagement affectif de Hartung à l’égard du pays, un témoignage de ses amitiés. En 1969, Sonja Henie décède brutalement à l’âge de 57 ans d’une leucémie, un an à peine après avoir doté son pays d’une de ses plus importantes institutions. Hartung écrit alors, en français, une touchante anecdote, dont on ignore le destinataire : « Quand - en 1929 - à Dresde, j’avais montré à ma future femme, Anna-Eva, ma chambre dans la maison de mon père, la première chose qu’elle découvrit c'était une grande photo de Sonja, parue dans un journal illustré que j’avais épinglée au mur ». Autre époque, autre cliché : a-t-il en tête ce souvenir adolescent lorsqu’il immortalise, trente ans plus tard, la reine du patin à glace, complice, dans un de ses fameux portraits d’amis (Sonja Henie, 1959, épreuve gélatino-argentique) ? La petite histoire n’est sans doute pas innocente ; elle tend à affirmer l’antériorité dans sa vie, bien avant même sa rencontre avec Anna-Eva Bergman, de l’admiration et de l’affection portées à celle dont il louait avec poésie « la sûreté presque somnambulique [du] jugement en ce qui regardait la peinture ».

Elsa Hougue